La renaissance ; l’affirmation du français (XIV siècle)

Publié le par Ahmed ELKHARRAT

   

 

 
   

En dépit des guerres d'Italie et des guerres de religion qui ravagèrent la France tout au long du siècle, la France a connu  une période d'exaltation sans précédent: le développement de l'imprimerie (inventée au siècle précédent), la fascination pour l'Italie, et l'intérêt pour les textes de l'Antiquité, les nouvelles inventions, la découverte de l'Amérique… ; Le XVIe siècle fut celui de la Renaissance.

1)  Suprématie Italienne :

  a) les guerres :

    À peine maîtres de leur royaume unifié, les rois de France se lancèrent dans plusieurs guerres : les guerres d'Italie s’étalèrent de 1494 à 1559. À l'origine, ces conflits mirent en scène le roi de France, qui voulait faire valoir ses droits sur les royaumes de Naples et du Milanais, mais on vérité c’est que les Français furent attirés par les richesses et la civilisation d'au-delà des Alpes, alors qu'ils accusaient un large retard économique et culturel sur l'Italie. Mais le conflit s'élargit et l'Italie devint le théâtre de rivalités entre la France de François Ier et l'empereur romain germanique, Charles-Quint (1500-1558), qui était en même temps roi d'Espagne.

  Le conflit avec l’Italie est réglé pacifiquement, De nombreux Italiens vinrent vivre à la cour du roi de France et les mariages diplomatiques, comme celui de Catherine de Médicis avec Henri II, amenèrent à la cour des intellectuels, des artistes et des scientifiques italiens.

  b) L’italianisme :

      la culture d’Italie exerça une grande influence sur la langue française au moyen des emprunts. Des milliers de mots italiens pénétrèrent le français, notamment des termes relatifs à la guerre (canon, alarme, escalade, cartouche, etc.), à la finance (banqueroute, crédit, trafic, etc.), aux moeurs (courtisan, disgrâce, caresse, escapade, etc.), à la peinture (coloris, profil, miniature, etc.) et à l'architecture (belvédère, appartement, balcon, chapiteau, etc.). En réalité, tous les domaines ont été touchés: l'architecture, la peinture, la musique, la danse, les armes, la marine…

C’est une véritable invasion de quelque 8000 mots, dont environ 10 % sont utilisés encore aujourd'hui.

    Plusieurs écrivains de la Renaissance se sont élevés contre cette invasion italienne, dans la langue française. l'un des plus grands pourfendeurs des italianismes est Henri Estienne (1528-1598),( un imprimeur huguenot).

  2) Les guerres de religion (1562-1598) et la découverte du nouveau monde :

     Le XVIe siècle est connu aussi par l'époque des guerres de religion, contrecoup de la réforme d'Henri VIII en Angleterre (protestantisme), de Luther en Allemagne et de Calvin en Suisse. Ces guerres étaient liées à la mentalité du temps; il semblait n'y avoir que deux possibilités pour ceux qui confessaient une autre religion: se convertir ou périr, selon le principe du «crois ou meurs». Catholiques (papistes) et protestants (huguenots) se firent la guerre pour assurer par la force le triomphe de la «vraie foi», mais ces conflits servirent en réalité les intérêts des grandes familles princières, qui lorgnaient vers le trône en faisant appel, les unes à l'Angleterre, les autres à l'Espagne. Pendant ce temps, les guerres de religion livrèrent le pays à la famine et au pillage, entre les batailles rangées, les massacres, les tortures et les assassinats des Grands du Royaume.

  a) le conflit avec l’église :

  Erasme (1469-1536), l'un des plus grands humanistes ; il considérait normal de lire l'Évangile dans sa langue (maternelle) plutôt que de répéter comme un perroquet des paroles incompréhensibles (le Latin).

  Martin Luther entreprenait la traduction en allemand de la Bible, ce qu'il termina en 1522.

  En 1559, Jean Calvin (1509-1564) alors réfugié à Genève, fonda le calvinisme et diffusa sa doctrine en français en Suisse romande comme en France.

En général, l'Église catholique s'opposait à toute traduction des Saintes Écritures, voyant dans ces traductions des facteurs potentiels d'hérésie.

b) la découverte du nouveau monde :

  Le français a emprunté de l'Espagne (et du Nouveau Monde) quelque 300 mots, et du Portugal, une cinquantaine de mots (termes exotiques).

Ex : alcôve (arabe) ; canari ; écoutille ; chocolat ; casque ; condor ; tabac ; romance ; bizarre ; camarade ; fanfaron (arabe).

     Jaloux des richesses que l'Espagne et le Portugal retiraient de leurs colonies, François 1er nomma Jacques Cartier (1491-1557) à la tête d'une première expédition en 1534. Ce dernier  devait découvrir de nouveaux territoires et fonder éventuellement un empire colonial. Bien que ces découvertes soient inestimables, les voyages de Cartier au Canada (1534, 1535-1536, 1541-1542) se soldèrent, au point de vue de la colonisation, par des échecs, car au début du XVIIe siècle aucun Français ne sera encore installé sur le territoire de la Nouvelle-France.

3) le Français langue officielle :

  À la fin du XVe siècle, la Français était le plus peuplé d'Europe et les impôts rendaient le roi de France plus riche que ses rivaux, ce qui contribua à asseoir son autorité et à promouvoir sa langue. De plus, Paris commençait à dominer la vie économique du pays.
 
 a) L’ordonnance de Villers-Cotterêts :

     On pourrait expliquer également l'expansion du français à cette époque par  une importante ordonnance royale, l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539). Pour François Ier, cette ordonnance était une façon de réduire le pouvoir de l'Église tout en augmentant celui de la monarchie. Dorénavant, le roi s'attribuait de plus grands pouvoirs administratifs et limitait ceux de l'Église aux affaires religieuses, notamment pour les registres de naissance, de mariage ou de décès… ; François Ier inaugurait ainsi l'état civil.

 b) Propagation du français en France :

     François Ier créait en 1543 l'Imprimerie royale destinée à publier, en plus du latin, des ouvrages en grec, en hébreu et en françoys. Il conféra le titre d'«imprimeur royal pour honorer la langue françoyse» à Denys Janot.              Dès lors, les écrits en «françoys» se multiplièrent. L'invention de l'imprimerie a eu pour effet de diffuser un nombre beaucoup plus considérable de livres en cette langue, bien que le latin restât encore privilégié. Avant 1550, près de 80 % des livres imprimés en France étaient en latin, cette proportion était passée à 50 % en 1575.                                    Vers 1520, la Bible et l'Évangile furent traduits en français et tous les calvinistes de France ou de Suisse s'évertuèrent à répandre les Saintes Écritures sous cette forme.

     Par ailleurs, le français commença à s’imposer comme une langue diplomatique en Europe. Par exemple, si le traité des Pyrénées, conclu entre la France et l’Espagne, avait été rédigé en français et en espagnol en 1659, le traité d’Aix -la-Chapelle de 1668, signé entre les deux mêmes pays, fut rédigé uniquement en français.

  4) Les problèmes du français :

   Le français de l'époque était loin d'avoir résolu tous les problèmes qui freinaient encore son expansion. Il y avait l'incontournable question de la présence des patois qu'on appelait de plus en plus des «dialectes» (depuis Ronsard), mais aussi la non uniformisation de l'orthographe, l'omniprésence des «écumeurs de latin» et l'absence d'ouvrages portant sur la description du français.

a) l’orthographe :

    Les imprimeurs introduisirent des consonnes étymologiques absentes dans la graphie française, alors qu'elles n'étaient pas prononcées. Par exemple, un g et une t dans doi apparurent pour rappeler que le mot doigt provenait du latin digitum. Il en fut de même pour le p de compter (< lat. computare), le b de doubter (< lat. dubitare), le c de faict (< lat. factum), le p de corps < lat. corpus) ou de temps < lat. tempus).   Toutefois, les savants latiniseurs ont fait parfois des erreurs en croyant, par exemple, que le mot pois (aujourd'hui poids) venait du latin pondus, alors qu'il provenait de pensum.

b) les doublets :

  Un doublet correspond à deux mots de même origine étymologique, dont l'un a suivi l'évolution phonétique normale, alors que l'autre a été emprunté directement au latin (parfois au grec) après quelques siècles. Ainsi, hôtel et hôpital sont des doublets; ils proviennent tous les deux du même mot latin hospitalis, mais l'évolution phonétique a abouti à hôtel, tandis que, quelques siècles plus tard, l'emprunt a donné hospital, puis hôpital.

 c) le participe passée :

    C'est au XVIe siècle qu'apparaît la règle de l'accord du participe passé avec avoir. Nous la devons à Clément Marot (1496-1544). Ce dernier l'avait empruntée à un professeur italien qui, enseignant le français à des Italiens. C'est cette règle, fondée sur l'opposition entre le participe passé avec être et le participe passé avec avoir.

                 En 1549 Joachim Du Bellay (1522-1560), écrit la défense de la langue françoyse, ou il défendra sa langue maternelle.

Publié dans histoire

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P
whaou! gros article! mais interessant!
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